Le marché de l'art contemporain (III/III) -
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Le marché de l’art contemporain (III/III)

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Le marché de l’art contemporain (III/III)

 

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La formation de la valeur et des prix

 

 

Qualité artistique : le résultat d’un processus

 

 

 

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             Les instances de légitimation

 

 

La qualité du travail d’un artiste est reconnue grâce à l’action des instances de légitimation.

 

Il s’agit de personnalités du monde de l’art qui ont une capacité d’expertise et qui peuvent créer un événement capable de modifier la carrière d’un artiste.

 

Cet événement peut correspondre à l’achat d’une œuvre, à un critique, à l’élaboration d’un catalogue etc …

 

Il va entrainer un processus mêlant les différents acteurs du marché de l’art qui fera rentrer l’œuvre dans l’histoire.

 

 

             Qui peut légitimer une œuvre et comment ?

 

 

  • Les artistes :

 

directement : en formant un groupe pour assurer leur propre visibilité

 

indirectement : en recommandant des artistes aux galeries ou aux collectionneurs.

 

 

  • Les marchands :

 

directement : par ces expositions et ces catalogues ils créent de petits événements historiques.

(La mondialisation leur donne encore plus de poids.)

 

indirectement :

 

  1. En jouant sur leur réseau. Ils peuvent convaincre des personnalités du monde l’art d’agir en faveur des artistes qu’ils soutiennent, en achetant leurs créations, en écrivant une critique etc…
  2. En rassemblant un courant autour de leur artiste, ce qui contribue à le faire rentrer dans l’histoire.
  3. En faisant appel à des commissaires professionnels.

 

 

  • Les collectionneurs :

 

 

Leurs achats sont perçus comme des gages de qualité qui se diffusent très vite via leurs liens avec les instances de légitimations.

 

« Les collectionneurs sont souvent membres du conseil d’administration des musées et les dons qu’ils font contribuent à asseoir la valeur muséale de leur collection ».

 

L’édition de catalogues sur leur collection constitue aussi des signes de qualité.

 

Ils ont également un pouvoir économique par rapport à l’importance des sommes qu’ils peuvent investir.

 

 

  • Les conservateurs :

 

 

Ce sont les acteurs essentiels des instances de légitimation.

 

Exposer une œuvre dans un musée lui confère automatiquement le statut d’œuvre d’art.

 

Les paris que les conservateurs font sur un artiste sont donc toujours gagnant : ils achètent une œuvre parce qu’ils la considèrent comme bonne mais en l’exposant elle devient automatiquement bonne pour tout le monde.

 

 

  • Les critiques et commissaires d’exposition :

 

 

Ils contribuent à la réputation d’un artiste en établissant des théories qui le font entrer dans l’histoire.

 

Ils peuvent par exemple reconnaitre l’émergence d’un nouveau courant artistique.

 

Mais le critique se transforme de plus en plus en commissaire d’exposition.

 

Il s’occupe du financement de celle-ci, de la partie artistique et du catalogue.

Ils peuvent par exemple monter une exposition autour d’un thème.

 

Ils contribuent donc au travail de légitimation.

 

Les biennales sont pour eux le meilleur de moment d’affirmer leurs choix.

 

(Mais certains commissaires cherchent plus à valoriser leur image qu’à apporter une véritable mise en lumière sur les œuvres. L’exposition devient une « autocélébration ».)

 

 

             Le réseau de légitimation à l’œuvre

 

 

Les actions de ces acteurs légitiment donc le travail d’un artiste en attestant la qualité de celui-ci.

 

Chaque lieu de rencontre est un moment où ces agents échangent leurs avis et s’influencent.

 

Ces occasions sont multiples : foires, vernissages, cocktail, inaugurations de nouveaux musées, ouvertures de grandes expositions, colloques …

 

 

 

La formation de la valeur marchande

 

 

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             De la valeur artistique au prix

 

 

La cote de l’artiste ne correspond pas nécessairement à la valeur économique de l’œuvre.

 

 

« Les instances de légitimation labellisent le travail de l’artiste, mais n’ont pas la maitrise de la fixation des prix qui dépendent du comportement de l’ensemble des opérateurs de ce marché. »

 

Ces opérateurs évaluent la qualité de l’œuvre à partir de leur goût, des indices émis par les instances de légitimation (information artistique objective), par les prix records et les médias (bruits et rumeurs).

 

 

Lorsque les gens n’ont pas confiance en leur opinion, ils imitent le comportement des autres ce qui développe des bulles spéculatives.

 

 

Le marché de l’art se rapproche ainsi du marché boursier.

 

Plus il est difficile de prévoir les rendements futurs, plus l’importance de l’opinion moyenne dans la détermination d’un prix est grande.

 

 

Selon le taux de confiance que les consommateurs mettent dans ces deux sources d’information (signaux émis par les instances de légitimation ou opinion moyenne relayée par les médias) les résultats diffèrent.

 

 

Quand les gens ont plus confiance dans l’information artistique que dans l’information médiatique, le mimétisme joue peu. Le prix correspond davantage à la valeur artistique.

 

Quand c’est l’information médiatique qui domine, l’imitation se généralise, des bulles spéculatives apparaissent et les prix n’ont plus rien à voir avec la valeur fondamentale de l’œuvre. (Valeur fondamentale = valeur artistique = capacité de l’œuvre à rentrer dans l’histoire de l’art).

 

 

Si deux œuvres ont la même notoriété artistique et médiatique, les prix peuvent être différents par rapport aux attentes, surtout décoratives, des collectionneurs.

 

Un autre paramètre qui influence les prix du marché de l’art c’est l’importance des sommes privées.

 

La multiplication des milliardaires a eu pour conséquence une augmentation des prix.

 

 

La valeur économique dépend donc du talent de l’artiste, des stratégies mises en place mais aussi du hasard.

 

 

L’art et les marchés financiers

 

 

La rentabilité de l’œuvre d’art

 

 

 

             La rentabilité des œuvres, une question de méthode ?

 

Il existe 3 méthodes principales pour évaluer la rentabilité des œuvres d’art :

 

– L’index composite

 

– Les ventes répétées

 

– Les prix hédoniques

 

(Je reviendrai sur ces 3 méthodes)

 

 

Nathalie Buelens et Victor Ginsburgh ont calculé le taux de rentabilité d’une même période avec chacune de ces trois méthodes.

 

On en tire 2 conclusions :

 

– les résultats obtenus sont assez proches

– Ils démontrent un faible intérêt financier dans les placements en œuvres d’art.

 

Stan Worthington et Jim Higgs ont également mené une étude à partir de la méthode d’index composite. Elle révèle qu’entre 1976 et 2001, les placements en œuvres d’arts sont plus risqués et moins rentables que des placements financiers classiques, peu importe la période artistique.

 

 

             Existe-t-il des facteurs susceptibles d’accroitre la rentabilité ?

 

Des études révèlent que pour avoir une chance d’améliorer ses gains, l’investisseur doit être bien informé du marché, avoir de bonnes connaissances sur l’art et doit se spécialiser dans un type d’achat (style, artiste, type).

 

 

Quand les économètres dissèquent le prix de l’art

 

 

 

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Les économistes ont cherché les facteurs qui influencent le prix des œuvres.

 

 

             La conjoncture économique et les marchés boursiers

 

 

Le marché de l’art est effectivement lié au marché financier.

 

Mais le rapport entre les deux marchés se fait uniquement sur le cours terme : les spéculateurs investissent dans l’art quand il n’y a plus d’autres placements rentables possibles.

 

Puis la variation des marchés financiers n’est qu’un tout petit facteur pour expliquer les variations des prix de l’art.

 

 

L’évolution du prix de l’art trouverait plutôt son explication dans l’évolution des revenus des plus riches.

 

(Les chercheurs ont montré qu’une hausse de 1% sur les revenus des 0.1% les plus riches induit une hausse de 10% des prix sur le marché de l’art. Cette étude a été faite par rapport à la Grande Bretagne et pas à l’échelle mondiale. Mais la croissance du nombre de millionnaires a eu un impact certain sur le marché de l’art).

 

 

             Le lieu de vente

 

 

Les prix ne sont pas les mêmes aux enchères et en galerie.

 

Dans les galeries, les œuvres des artistes qui ne sont pas encore reconnus sont vendus à des prix conventionnels. C’est un prix standard qui dépend du coût de production (format et matériaux utilisés). Les prix augmentent ensuite par rapport au nombre d’expositions réalisées, par rapport à la demande, par l’achat d’œuvres et la reconnaissance des institutions.

 

(Les marchands hésitent à baisser les prix car ils peuvent être interprétés comme une baisse de qualité de l’artiste).

 

En début de carrière, les prix des galeries sont donc supérieurs à ce que pourrait rapporter une vente aux enchères.

Mais quand la réputation de l’artiste est faite, ses œuvres sont vendues plus cher aux enchères qu’en galerie.

 

Aux enchères, les prix varient par rapport à 2 critères :

 

– Selon pays où la vente est faite : pour une même œuvre, les prix seront plus élevés à New York qu’à Londres et à Londres qu’à Paris.

– Par rapport au nom de la maison de vente : Sotheby’s et Christie’s (les plus célèbres) vendent en moyenne les œuvres plus cher que les autres maisons.

 

On remarque aussi que malgré la mondialisation les œuvres sont vendues plus cher dans le pays de l’artiste. Ainsi les œuvres d’artistes américains se vendent mieux aux Etats-Unis, et celles d’européen en Europe.

 

 

             Les caractéristiques des œuvres

 

 

« Depuis la fin du XIXe siècle, le prix des œuvres est principalement déterminé par la notoriété des artistes. D’où l’importance de la notion de côte ».

 

Mais pour un même artiste, le prix varie selon certaines caractéristiques :

– Par rapport au coût de l’œuvre : un grand tableau vaut plus cher qu’un petit, une huile sur toile coûte plus cher qu’un dessin.

– Par rapport au sujet : les portraits et les natures mortes atteignent en moyenne des prix plus élevés que les autres sujets.

 

Le moindre doute sur l’authenticité d’une œuvre fait grandement chuter son prix. Lorsqu’un artiste a beaucoup été copié, sa cote décroit, le prix étant recalculé par rapport à la possibilité de tomber sur un faux.

 

Si un vendeur sait qu’il a un original mais qu’il n’a pas de preuve le certifiant, il préférera le retirer de la vente au risque de le vendre inférieur.

 

 

Conclusion

 

Voilà c’est la fin de ce dossier sur le marché de l’art contemporain.

 

Maintenant vous savez qui sont les différents acteurs de ce marché, comment ils fonctionnent, comment la valeur artistique d’une œuvre est établie et comment sa valeur économique est fixée.

 

Si vous avez des questions vous pouvez les poser en commentaire.

 

 

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