Krisskolb : J'analyse ses tableaux -
1024
post-template-default,single,single-post,postid-1024,single-format-standard,cookies-not-set,ajax_fade,page_not_loaded,,side_area_uncovered_from_content,qode-theme-ver-17.2,qode-theme-bridge,qode_header_in_grid,wpb-js-composer js-comp-ver-5.6,vc_responsive

Krisskolb : J’analyse ses tableaux

artiste krisskolb nus en rotation

Krisskolb : J’analyse ses tableaux

J’analyse les peintures de l’artiste Krisskolb

 

 

Une petite réflexion avant de commencer les analyses.

 

 

De nos jours, le peintre ne répond plus à une commande mais crée à partir de son inspiration. Il expose donc une partie de lui-même et parfois sans en avoir conscience.

 

« Le but de l’art est de projeter dans le monde une vision intime, la plus profonde et la plus personnelle des expériences intérieures, sous la forme d’une création esthétique ».

 

Parler de ses créations artistiques peut donc être difficile. Il n’est pas évident de dévoiler sa personnalité, voire son intimité.

 

 

Cependant, je ne m’étais pas rendu compte que le spectateur ressentait cette même difficulté.

 

 

En me demandant d’analyser ses peintures, Krisskolb m’a fait réaliser deux choses :

 

– Je ne possède pas les outils pour analyser la peinture moderne. (Encore faut-il qu’il y en ait).

 

– Pour juger une peinture, je suis obligé d’utiliser ma subjectivité.

 

 

Un tableau me plait donc quand des éléments picturaux trouvent un écho dans ma façon de pensée, mon imagination, mon vécu ou encore ma culture.

 

Je projette donc aussi une grande part de moi-même dans l’œuvre.

 

En faire l’analyse revient ainsi à exposer ma personnalité, à révéler toutes les pensées qui me sont apparues en la regardant.

 

Le problème de la pudeur apparait alors. On pourrait même parler de gêne car se dévoiler, surtout publiquement, signifie être jugé. Notre interprétation étant purement subjective personne n’aura la même. Nous pouvons donc être en proie à l’incompréhension ou à la moquerie.

 

 

Mais je dois avouer une difficulté supplémentaire. C’est le fait de proposer directement mon analyse de ces œuvres à l’artiste.

Vu qu’elle est personnelle, qu’il s’agit d’une appropriation, j’avais peur qu’il dise : « mon dieu il est passé à côté du message » ou « ce n’est absolument pas ça que je voulais montrer, il n’a rien compris ! ».

 

Heureusement, ce ne fut pas le cas.

 

 

Pour Krisskolb, le plus important est que chacun ait sa propre interprétation.

 

 

S’il explique son travail dans l’article précédent, ses explications ne doivent pas remplacer notre propre analyse.

Pour la même raison, les interprétations que je fournie ne doivent pas se substituer aux vôtres.

 

 

Passons aux œuvres de l’artiste

 

 

Nus en rotation

 

 

 

artiste krisskolb nu en rotation

 

 

Dans ce tableau nous ne comprenons pas tout de suite ce que nous regardons.

Je vois des seins, il s’agit d’une femme. Au-dessus il semble y avoir un visage. Un bras apparait nettement tandis que le reste du corps est informe. La masse noire représente-t-elle des cheveux longs ? Du sang séché ? Les deux ?

Elle est allongée sur un drap blanc et elle est en sang.

 

 

J’ai l’impression de découvrir une scène de crime comme un enquêteur.

 

Quelqu’un a torturé et tué cette femme. Il en a fait quelque chose d’informe. Maintenant elle est déposée sur un drap mortuaire. Je jette un dernier regard sur elle avant qu’elle parte à la morgue.

 

 

Attendez ! C’est peut-être moi l’assassin ! C’est moi qui ai fait ça et je regarde mon travail.

 

Le blanc fait ressortir le noir et les nuances de rouge ce qui accentue la violence de la scène.

Il met aussi le corps en valeur en le distinguant des autres couleurs.

Le drap blanc agit comme un plateau, il exhibe le corps.

Ma mise en scène est parfaitement réussie.

 

Mais pourquoi l’avoir déformée ainsi ?

– Pour savoir ce qu’est un humain. Si je prends une femme et que je la déforme à la rendre méconnaissable est-elle encore une femme ? Si plus personne ne la reconnait, a-t-elle encore une identité ? Cela supprime-t-il son vécu ?

– J’ai peut-être répondu à mes impulsions les plus primaires.

 

 

Attendez, je n’ai peut-être rien fait !

 

Certes elle a l’air morte, mais c’est peut-être elle qui a mis fin à ses jours.

Ce n’est plus un drap mais le sol sur lequel elle git.

 

Attendez j’ai encore une autre idée !

 

Je suis quelqu’un qui a peur de la mort. Peut-être pas forcément de la mienne mais de celle de mes proches.

Ce tableau, c’est mon pire cauchemar. J’ai peur de rentrer un jour du travail, de pousser la porte d’entrée et de tomber sur ça : la mort de ma mère, de ma femme, de ma fille.

 

 

C’est peut-être pour ça que le corps est informe, que rien n’est réaliste : c’est la vision floue d’un cauchemar.

 

J’adore les tableaux peu réalistes car ils font travailler l’imagination. Ils permettent de multiple interprétations et racontent donc de nombreuses histoires. Ma préférée reste la dernière.

 

 

 

artiste krisskolb nus en rotation

 

 

Ce tableau est sensiblement comme le premier, alors pourquoi en parler ?

 

Parce que les changements apportés ne racontent plus la même histoire.

 

Nous retrouvons un corps déformé mais dans un état pire que le premier.

Là il n’y a plus de tête, les bras ressemblent à des moignons, il y a un trou sur le flanc gauche, les jambes sont désarticulées.

 

Le support du corps est toujours blanc mais cette fois il a du volume, il est en hauteur.

Il agit vraiment comme une scène : il expose le corps.

 

Le sol est blanc. Les murs sont gris. Sur la façade gauche il y a du noir, c’est peut-être le contour d’une fenêtre. J’observe peut-être ce corps de l’extérieur de la pièce grâce à une seconde fenêtre.

 

 

Cette pièce me fait penser à un laboratoire où l’on mène des expériences sur le corps humain.

 

 

Mais elle me fait aussi penser à autre chose.

 

 

Une pièce réservée à un objet exposé avec des fenêtres pour l’observer, on dirait un musée !

 

 

L’art moderne tend à faire penser que tout peut devenir une œuvre d’art à condition que ce soit mis en scène, que ce soit exposé dans un musée. (Rappel de Duchamps avec un urinoir).

 

Qu’en serait-il si on exposait un corps ?

 

J’entends déjà : « Mais il est fou ! C’est impensable ! Ce serait un crime ! »

 

Je vous rappelle que les premiers à contempler ce corps, à le considérer comme une œuvre d’art c’est vous.

 

L’horreur peinte est donc tolérable. Représenter un corps déchiqueté est un sujet pictural suffisamment acceptable pour apparaître dans une exposition.

 

 

Ce tableau peut donc soulever trois réflexions artistiques :

 

– Est-ce que tout ce qui est exposé dans un musée devient une œuvre d’art, même le pire ?

 

– Pourquoi le gore nous dérange en réalité mais pas dans la peinture ?

 

– Comment ce type de sujet est devenu normal, digne d’être exposé ? (Comment s’est-on éloigné de la peinture classique ?)

 

 

 

artiste krisskolb nus en rotation

 

 

Encore un corps décomposé. Mais cette fois on le voit plus nettement. Le corps est en train de poser.

Le bleu peut correspondre à deux choses. Soit c’est un drap qui sert à mettre le corps en valeur soit c’est un spot lumineux.

 

Dans ce tableau le corps semble être celui d’un mannequin.

 

En disant cela, le paradoxe de cette peinture apparaît.

 

 

Un mannequin est défini comme quelqu’un de beau. Sa beauté physique en fait un top modèle.

 

Mais là il n’a plus rien de beau. Toute la peau a été enlevée. Pourquoi ?

 

 

Pour montrer que peu importe la beauté d’une personne, ce qui compte c’est sa personnalité ?

 

Pour montrer qu’il ne faut pas s’arrêter à l’aspect extérieur ?

 

Pour montrer que même la personne la plus belle est faite de muscles, d’organes et de sang ? Qu’elle est composée comme n’importe quelle personne et qu’elle finira par mourir ?

 

 

Dans tous les cas, le mannequin a perdu son attribut (la beauté) et sa pose exhibe ses organes au lieu de mettre ses formes en valeur.

 

 

artiste krisskolb nus en rotation

 

 

Il s’agit encore d’un corps déformé, enfin décomposé serait plus exacte. On peut de nouveau deviner une pose.

 

Cependant ici la pose n’a plus rien de naturelle ni même de logique.

 

Dans le tableau précédent la tête apparaissait encore sous forme d’ombre, là il n’y en a plus du tout.

 

Le mannequin est décapité.

 

 

Lui enlever la tête revient à lui ôter son identité. (Le meilleur moyen de reconnaître quelqu’un reste de lui regarder le visage).

 

 

Pourquoi avoir fait ça ?

 

Parce que ce n’est pas un corps particulier que je regarde. C’est celui de tous les hommes. Ce que je regarde c’est vous et c’est moi.

 

En lui enlevant sa peau, sa beauté est une fois de plus supprimée. Etre musclé c’est beau à l’extérieur, mais à l’intérieur ce n’est que de la chair rose approvisionnée en sang.

 

Vous qui vous trouvez beau ! Vous qui voulez ressembler à telle personne !

N’oubliez pas que tous les corps sont composés de la même façon, et que si on enlève la peau tout devient horrible !

N’oubliez pas que la beauté est éphémère. Les personnes les plus belles finissent par être des corps en décomposition avant de redevenir poussière.

 

D’ailleurs le corps présenté dans ce tableau est encore vivant mais il se décompose déjà.

Il vieillit sans s’en rendre compte. Déjà son corps se transforme et s’affaiblit.

« Toutes les minutes blessent, la dernière tue ».

 

 

Même la personne la plus belle est un mort en sursis.

 

 

Une partie de ce commentaire vaut pour l’autre tableau.

Cependant on peut remarquer que la différence de couleur change la scène.

 

 

Le bleu, que je trouve d’ailleurs très beau, adoucit l’image. Il laisse le spectateur faire son propre constat. On peut cependant y voir une touche d’ironie : mettre une si belle couleur pour présenter quelque chose de si dérangeant.

 

 

Le rouge au contraire donne une certaine violence. Au début on pourrait croire qu’il s’agit du sang du mannequin qui a dégouliné de ce corps décharné.

Le message devient plus virulent :

– « Tiens ! Regarde !

– Ah mais c’est horrible.

– ça te dégoute ! Tu tournes la tête ! Mais non regarde c’est ce que tu es ! »

 

 

GAIA

 

 

 

 

artiste Krisskolb gaia

 

 

 

Qu’est-ce que je vois ?

 

Des os, des organes non identifiés, deux gros tendons.

Ces éléments humains ont été pris et mélanger pour en faire une structure inhumaine.

 

On dirait l’intérieur d’un monstre.

Il s’agit peut-être bien d’un monstre qu’on est en train de disséquer.

 

Sur le blog de l’artiste Krisskolb, ce tableau intitulé Matrice apparaît dans la section réservée à Gaia.

Cette intérieure est peut-être méconnaissable car c’est celui d’une déesse qui a fait naître d’innombrables monstres.

 

Dans la section précédente on voyait des humains sans peau.

Là, nous sommes dans les entrailles.

S’agit-il d’une évolution ?

 

 

 

artiste Krisskolb gaia

 

 

 

Là il n’y a que des os.

 

On dirait une fois de plus un monstre. Mais le haut du squelette me fait penser à une cage thoracique et le bas à des hanches.

La partie centrale correspondrait donc au ventre.

 

On dirait la radiographie d’une personne enfantant un monstre.

 

C’est un homme ! Ce qu’il y a au centre c’est un homme ! Un adulte !

 

Il n’est pas sorti comme il aurait dû. Il a continué à se développer jusqu’à devenir un adulte mais le manque de place a fait qu’il s’est plié en deux.

Et, en se développant à l’intérieur il a détruit le corps de la mère.

 

Ah ce que je viens de voir a peut-être un sens. Dans la mythologie Ouranos refuse que les enfants qu’il a conçus avec Gaia voient le jour. Il les laisse donc enfermé dans la déesse.

 

Le moment représenté me fait imaginer ce qui va finir par se passer.

Pour sortir, la bête va déchirer le ventre.

 

Encore faut-il qu’il sorte.

 

 

 

artiste krisskolb matrice

 

 

 

Le centre du tableau me fait penser au sexe féminin.

 

Cependant la femme, ou plutôt la chose, est monstrueuse.

 

La construction du tableau fait qu’on regarde le trou noir.

 

On attend ce qui va sortir tout en le redoutant plus que tout.

 

 

Cette espèce de sexe se transforme peut-être en cri.

 

Les deux boules vertes seraient les yeux, les os qu’il y a dessus seraient les mains jointes aux bras qui partent du bas du tableau, et le sexe serait une gueule hurlant de toutes ses forces.

 

 

Ce cri c’est celui de la mère qui connait les douleurs de l’enfantement et qui externalise toutes ses peurs.

 

 

 

Conceptions monstrueuses

 

 

 

artiste krisskolb conception monstrueuse

 

 

 

On entre dans le domaine du fantastique.

 

Le décor fait penser à un monde apocalyptique ou à une vision des enfers.

 

Cette bête est gigantesque, elle sème le chaos.

 

 

 

artiste krisskolb conception monstrueuse

 

 

 

Une chose vivante a été torturée et pendue au bout d’une construction étrange.

 

La peau a été enlevée et la première couche de muscle est devenue un tissu transparent qui fait office de sac.

 

Dedans il y a les organes rassemblés en un amas compact.

 

S’agit-il de quelqu’un qui n’a pas respecté les lois de cet endroit ?

Du tyran qui a transformé cet endroit en enfer ?

S’agit-il du châtiment qui attend celui qui a pêché durant sa vie ?

Est-ce un acte purement barbare ?

 

 

Ces deux tableaux semblent faire partie du même univers.

 

Nous avons l’atmosphère à nous de créer l’histoire.

 

 

 

 

artiste krisskolb conception monstrueuse

 

 

 

Celui-là m’évoque autre chose.

 

Le décor reste le même, on est donc dans le même lieu fantastique.

 

En bas on peut voir une sorte d’énorme serpent rouge et on peut imaginer qu’il est dans son antre, à moins qu’il ne s’agisse d’une bête qu’il vient de manger.

 

 

Cependant, la partie rouge dans laquelle il entre me fait penser au sexe féminin.

 

Ce sexe est la seule chose qui est encore attachée à ce squelette monstrueux.

 

La bête avec son allure allongée devient un symbole du sexe masculin.

 

On dirait une vision cauchemardesque de la pénétration.

 

Les notions d’amour, de plaisir et la volonté de créer la vie ont disparu.

 

A la place il y a une vision horrifique avec la présence de la mort.

 

 


 

 

artiste krisskolb

 

 

Ces deux peintures me font penser à des héros de bandes dessinées mais revisités.

 

 

Premier tableau

 

 

 

artiste krisskolb demon

 

 

 

Il s’agit du méchant.

 

 

Ses yeux expriment la colère, sa position est presque animalière, ses doigts sont tendus. La tension qu’on voit dans ses mains exprime la rage, ou la folie, qui l’habite.

 

Les multiples plis sur son corps peuvent aussi évoquer son tourment.

 

C’est un démon qui saute sur le héros pour l’attaquer, ou qui atterrit dans un endroit pour le dévaster.

 

 

A moins que ce soit une sorte d’ange déchu. La forme blanche rappellerait ses origines célestes et là elle le déposerait dans ce gouffre ténébreux.

 

 

 

Deuxième tableau

 

 

artiste krisskolb

 

 

 

Sa position, sa cape, la lune derrière la tête la présentent comme une super-héroïne.

 

Mais elle n’est pas là pour faire le bien.

 

 

Sa cape n’est pas un simple accessoire comme pour superman.

 

Elle entoure presque entièrement la femme.

Ce rouge mélangé au noir évoque immédiatement la violence, le sang.

 

Elle saisit à pleine main cette cape comme si elle en avait besoin.

Elle s’abreuve de sang ! Sa chevelure est déjà devenue de la même couleur que la cape. Puis il faut bien du sang pour alimenter ses muscles apparents.

 

 

Elle est représentée sans peau. Pourquoi ?

 

Pour lui donner un aspect inquiétant et pour éviter l’identification.

En voyant sa composition nous comprenons qu’elle est comme toutes les femmes.

 

 

L’absence de costume s’explique de la même façon.

En la recouvrant de vêtement, on aurait dit « ce que je vois c’est cette femme-ci qui porte ces vêtements ».

En la mettant à nue (et même plus qu’à nue) cette femme devient un cas général.

 

 

La cape évoque une héroïne mais elle rappelle aussi toutes les pulsions négatives.

 

 

Ce tableau a repris tous les codes pour les retourner :

 

– Le personnage représenté avec la lune en arrière-plan c’est toujours le héros qui doit faire le bien.

 La c’est la super-héroïne du mal.

 

– Le héros est toujours reconnaissable à son costume.

 Là elle a une portée générale, elle représente toutes les femmes.

 

– La femme représente la douceur, la tendresse.

 Là c’est la personnification de la violence.

 

On remarquera un détail que j’apprécie particulièrement : c’est la position des pieds.

Elle est sur la pointe, ce qui rappelle la position du pied dans des chaussures à talon, position qui sert à mettre la femme en valeur.

J’adore ce détail typiquement féminin sur cette femme démoniaque.

 

 

Le message de ce tableau peut donc être : toutes les femmes ont une part d’ombre et de violence en elles. Elles aussi sont capables du pire.

 

 

Lilith

 

 

 

 

artiste krisskolb Lilith

 

 

Une femme est assise au bout d’un lit.

 

Elle attend dans une position sensuelle. Ses jambes s’ouvrent tout en restant serrées. Ses hanches, symboles de la sensualité féminine, sont mises en avant. Elle se recoiffe ou joue avec ses cheveux.

Ses lèvres sont charnues. Le noir sur le haut du corps suggère un sous-vêtement laissant apparaitre un sein.

 

C’est une femme désirable et surement désirée.

 

 

Mais l’absence de couleur donne une autre dimension.

 

L’utilisation du noir et du gris laissent place aux sensations négatives.

 

 

Ce tableau ne représente pas le désir sexuel mais le danger qu’il représente.

 

 

« Elle t’attire ? C’est normale elle est absolument désirable.

Mais sais-tu ce qu’elle te veut ? La connais-tu vraiment ?

Réfléchis bien avant de succomber.

– Mais c’est une femme charmante !

– Charme vient de carmen, le sortilège. C’est une sorcière !

Elle a utilisé son corps à la place des incantations.

– Mais elle me veut !

– Non elle t’observe d’un œil fixe et sans sourire.

Son attitude montre du désir mais elle n’en ressent pas.

Trop tard, tu es sous son emprise. »

 

 

Heureusement cette femme n’est pas réelle. L’aspect légèrement flou et la forme de nuage en arrière plan évoquent le rêve.

 

C’est le fantasme de la femme désirable mais dangereuse, le fantasme de la femme fatale.

 

 

 

artiste krisskolb femme

 

 

 

Il s’agit d’acrylique sur magazine. C’est la première fois que je vois ça.

J’aime cette idée de prendre quelque chose du quotidien et de le transformer en œuvre d’art.

 

Là on voit la femme qui aime séduire, qui se fait désirable.

 

 

Cependant il y a une différence de regard.

 

 

Dans le premier c’est la femme qui désire. Elle nous regarde et veut nous séduire.

 

 

La deuxième correspond plutôt au regard du spectateur. C’est nous qui la désirons.

 

Le rouge a commencé à masquer son visage, comme si elle se faisait absorber par le désir.

Ce n’est plus qu’un corps apte à nous assouvir.

Ce n’est plus une femme mais un objet sexuel.

 

 

La Gorgone

 

 

En regardant uniquement les peintures, rien de particulier m’est venu à l’esprit.

 

Tout s’est éclairé quand j’ai lu ce que Krisskolb a écrit sur les Gorgones et sur Méduse.

 

 

 

krisskolb gorgone

 

 

 

J’adore l’idée de montrer le pouvoir de Méduse comme une malédiction.

C’est la première fois que je la vois représentée ainsi et c’est génial !

 

Méduse est une femme horrible, avec des serpents sur la tête et elle a le pouvoir de pétrifier.

Elle est donc habituellement vue comme un monstre, comme une créature dangereuse qu’il faut fuir ou tuer.

 

Là, son pouvoir de pétrification, qui fait d’elle un être quasiment invincible, devient une malédiction.

 

 

Méduse n’est plus un monstre. C’est un être vivant qui subit son pouvoir.

 

 

Tout ce qu’elle regarde devient pierre. Elle se retrouve donc entièrement seule. La végétation, les animaux, les hommes, tout se pétrifie.

Ça fait des années qu’elle n’a pas parlé à quelqu’un, qu’elle n’a rien vu de vivant.

 

Dans ce tableau nous le voyons bien, il n’y a que de la pierre. Même elle commence à en devenir une.

 

 

Elle souffre de l’isolement le plus total.

 

 

 

krisskolb gorgone

 

 

 

Dans ces deux peintures, la partie où elle est assise est en pierre. Elle se détache du fond bleu qui représente la mer.

L’endroit où elle est semble entouré d’eau, comme si on l’avait abandonnée là pour qu’elle arrête de nuire. A moins qu’elle ne soit venue ici d’elle même, après qu’elle ait pétrifié tous ceux qu’elle aimait.

 

Dans le premier tableau on voit que la partie minérale s’étend jusqu’au milieu avant gauche. On peut donc supposer qu’elle est sur une étendue plus vaste, comme une ile.

 

Dans le second, on dirait qu’elle est sur un rocher perdu au milieu de l’océan.

L’étroitesse de ce rocher montre à quel point elle est seule, isolée.

Elle fait son possible pour ne pas chavirer.

 

A gauche elle est pensive. Elle est résignée, elle a accepté son sort.

A droite elle est désespérée, elle est horriblement malheureuse. Elle se demande peut-être si se jeter dans la mer mettra fin à son malheur.

 

 

 

Conclusion

 

 

J’ai adoré analyser les peintures de l’artiste !

 

Pourquoi ? Parce que je n’avais jamais été confronté à de telles représentations. Et là, impossible de trouver une explication dans les livres ou sur internet.

 

J’ai donc été confronté à quelque chose de nouveau et je ne pouvais compter que sur moi-même pour trouver des interprétations.

 

Ce travail très intéressant m’a fait réaliser deux choses :

 

  • Interpréter un tableau a deux significations. C’est décoder les éléments pour comprendre ce que le peintre a voulu dire. Mais c’est aussi voir à quoi ces éléments nous font penser pour s’approprier le tableau.

 

  • Face à des tableaux qui ne représentent la réalité avec exactitude, la seule manière de les juger c’est par notre sensibilité. Si j’ai apprécié ces tableaux c’est parce qu’ils ont trouvé un écho en moi. Le manque de réalisme a fait travailler mon imagination et j’ai inventé une histoire à partir des de ces peintures.

 

Je n’ai évidemment pas pu analyser toutes les peintures de l’artiste.

Mais je vous encourage à aller sur son site pour toutes les voir et à faire vos propres interprétations : Cliquez-ici pour découvrir toutes les œuvres de Krisskolb

 

Et si vous voulez en savoir plus sur cet artiste vous pouvez aller voir son interview !

 

 

Vous voulez faire vos propres analyses de tableaux mais vous ne savez pas comment faire ?

Alors téléchargez cet ebook qui explique les bases pour comprendre une multitude de peintures.

Pour le recevoir c’est facile : Indiquez votre prénom et votre email dans le formulaire ci-dessous :

comment analyser une peinture  


 

Pas de commentaire

Ecrire un commentaire