30 Nov La naissance de Vénus de Botticelli
La naissance de Vénus
L’article version vidéo
Mais si tu préfères il y a la version écrite :
La Naissance de Vénus est un tableau peint par Sandro Botticelli en 1485.
On ignore qui est le commanditaire.
Il est actuellement conservé à la Galerie des Offices à Florence.
Rappel du mythe
Il y a deux versions de la naissance de Vénus.
Il y a celle qu’Homère raconte dans l’Iliade où elle serait la fille de Zeux et de Dioné.
Mais la version qui nous intéresse pour ce tableau est celle que raconte Hésiode dans sa Théogonie.
Gaia (la déesse de la terre) et Ouranos (le dieu du ciel) ont plusieurs enfants. Mais Ouranos refuse qu’ils voient la lumière et il les cache au sein de la Terre.
Gaia décide de se venger et fabrique une faux qu’elle donne à Chronos, le seul fils qui a décidé de se rebeller.
Un soir où Ouranos veut s’unir à Gaia, Chronos attend dans un coin et coupe les parties génitales de son père qu’il jette dans l’eau.
De l’écume nait Vénus.
Analyse du tableau
Vénus est le premier personnage qu’on regarde. Elle est au centre du tableau et les autres figures l’encadrent.
A gauche nous voyons un couple. Il s’agit de Zéphyr et de Chloris. Ils sont enlacés, un signe évident d’amour.
(Les représenter au moment du rapt aurait été beaucoup moins glamour 🙂 On reviendra bientôt dessus).
Le dieu du vent souffle pour que Vénus atteigne la terre.
Sur la terre, une femme attend la déesse pour la revêtir d’un manteau. Il s’agit d’une des Heures, surement celle du printemps.
Le manteau représente le vêtement avec lequel on recouvre l’enfant qui vient de naitre.
Il symbolise aussi le passage de l’état sauvage (la nudité) au monde civilisé.
De nombreux éléments du tableau associent Vénus au printemps : Zéphyr le vent de l’ouest annonciateur du Printemps, l’Heure du Printemps et les fleurs.
(Les fleurs, le myrte et les roses plus particulièrement, font aussi partie des attributs de la déesse.)
C’est parce qu’elle est liée à cette saison qui est celle des amours et de la fertilité.
Mais revenons à Vénus.
Son sexe est masqué par sa chevelure et elle cache maladroitement sa poitrine.
On pourrait dire qu’elle a une attitude pudique mais je ne pense pas que ça soit exact.
Si le peintre voulait vraiment qu’elle se cache les seins il l’aurait fait.
Là il s’agit d’un jeu entre ce qu’elle cache et ce qu’elle donne à voir.
Ce geste introduit une dimension érotique.
Pareil pour la chevelure. Certes, à l’époque elle permet de cacher le sexe. Mais ce n’est pas sa seule fonction.
Elle cache un interdit.
Ce n’est pas n’importe quel sexe, c’est celui de Vénus, d’une déesse. Il ne nous est donc pas permis à nous, humain, de le regarder.
Ce n’est pas pour rien qu’elle rend Erymanthos (fils d’Apollon) aveugle après qu’il l’ait vue nue au bain.
En cachant ce qui est le plus intéressant et ce qui nous est interdit, Vénus devient un objet de fantasme.
Mais cet érotisme est discret. Elle n’est pas représentée comme l’incarnation du désir ou de la sensualité comme on peut le voir dans d’autres tableaux.
Puis elle ne regarde pas le spectateur, elle ne cherche pas à nous attirer.
Elle est pensive.
C’est la même tête que la Vierge dans le tableau du même peintre La Vierge à la grenade.
Vénus est sur un coquillage. Cet élément a plusieurs fonctions.
Déjà, il rappelle les origines maritimes de la déesse.
Puis, il symbolise le sexe féminin et par extension la féminité et la fertilité.
Enfin, en mettant Vénus dessus, on comprend qu’elle remplace la perle. Celle-ci symbolise l’amour, la sensualité, la féminité et la beauté. Vénus apparait à la place de la perle car c’est l’incarnation même de ces éléments.
Le coquillage rappelle donc tous les attributs de la déesse.
Les originalités
Un nu féminin qui ne comporte plus de signe de honte
Il s’agit d’un nu presque grandeur nature puisque le tableau fait 172.5 x 278.5 cm
La représentation du nu a été interdite par la religion chrétienne.
La seule femme qui était montrée nue était Eve. Le tableau représentait donc la faute et la honte.
Là, on redécouvre un corps féminin qui symbolise la beauté et l’amour.
Le corps de Vénus, un idéal esthétique grec ?
Sa position s’inspire du contrapposto antique. Il désigne cette position où une jambe est tendue, l’autre légèrement fléchie, ce qui fait ressortir la hanche. Elle permet de souligner les courbes de la déesse et donc de montrer sa sensualité.
Vénus rappelle la copie de la Vénus de Praxitèle que les Médicis possédaient, dont le peintre s’est inspiré.
Il y a en effet une similitude au niveau de la pose.
Au premier regard, Vénus semble donc correspondre à l’idéal esthétique grec.
Mais en regardant de plus près, on voit certains problèmes.
La Vénus de Praxitèle possède les proportions idéales exposées par Polyclète dans son livre Le Canon. Ainsi le corps correspond bien à sept fois la hauteur de la tête.
Mais la Vénus de Botticelli fait plus de 7 têtes.
On peut alors supposer qu’il a suivi les principes de Lysippe pour qui le corps devait faire 8 têtes.
Mais ce n’est pas le cas non plus.
La Vénus du peintre ne correspond donc pas à l’idéal esthétique grec.
Des anomalies
– Comparé à la statue, Vénus n’est absolument pas stable. Dans la réalité elle tomberait.
– Son cou est trop grand.
– Son bras gauche est rattaché au corps de manière étrange.
Il y a une autre grande anomalie : c’est l’endroit où Vénus pose les pieds sur le coquillage.
Elle les pose sur la partie sombre, c’est-à-dire sur la partie du dessous du coquillage.
Mais elle devrait les avoir sur une partie blanche.
Le peintre a donc tordu le coquillage.
Dire qu’il y a des anomalies ne suffit pas. Il faut leur trouver un sens et c’est ce qui permet l’interprétation.
Il s’agit d’anomalies et pas de défauts car le peintre maitrise la représentation des corps.
Pour moi, il a fait ça pour deux raisons.
La première est pour montrer que le spectateur est obnubilé par la déesse.
Nous sommes tellement absorbés par elle que nous oublions de prendre du recul.
Inconsciemment nous nous disons « c’est la déesse de l’amour et de la beauté, elle ne peut qu’être parfaite ».
La seconde sert à montrer qu’avec Vénus, la déesse de la beauté, les erreurs se transforment en perfection.
Quand nous regardons le tableau, nous ne sommes pas choqués par les anomalies. Au contraire, nous le trouvons bien réalisé.
La déesse parvient donc à nous fasciner et à faire naitre la beauté malgré les imperfections.
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Patrick
Publié à 10:45h, 15 décembreConcernant le déséquilibre de Vénus, ne serait-il pas dû à l’accostage. Poussé par le souffle de Zéphir, le coquillage heurte la terre ( il est légèrement incliné vers la terre) et, propulsée par l’impact, Vénus décolle sa jambe arrière pour la passer devant et débarquer en reprenant appui sur le sol pour se faire recouvrir du manteau ?
Touslestableaux
Publié à 22:11h, 15 décembreVotre analyse est vraiment intéressante, mais je ne la partage pas tout à fait pour plusieurs raisons.
1) Pour moi Botticelli a combiné deux moments : celui où Vénus arrive sur terre et celui où elle vient juste de naitre (visible avec le tourbillon d’écume sous le coquillage).
Je pense donc qu’elle n’a pas encore touché la terre.
2) Par rapport au manque de réalisme de la scène.
En plus des anomalies évoquées, on en constate d’autres. Les cheveux ne flottent pas autant qu’ils devraient par rapport à la force du vent. Puis, elle n’a pas la posture de quelqu’un qui est déséquilibré. Si elle accostait, elle devrait être face à la terre et face à l’Heure.
Même si elle entamait le mouvement pour aller sur terre, elle ne pourrait pas avoir cette position. Le corps ne peut pas être désaxé sans qu’on tombe.
3) Je pense que le peintre a fait exprès de la mettre dans cette position. Elle est bien face à nous, dans une posture féminine et sensuelle. Il s’agit en fait d’une pose, un peu comme un mannequin, et le coquillage lui servirait de scène.
Angela Gaetani
Publié à 14:50h, 30 janvierAngela Gaetani
Publié à 14:52h, 30 janviertouslestableaux
Publié à 18:21h, 30 janvierJe vous remercie pour vos commentaires. ça fait plaisir de voir que ce que je propose vous plait et ça me motive à continuer.
Mcoco
Publié à 12:53h, 24 octobretouslestableaux
Publié à 08:12h, 25 octobreAdd
Publié à 21:58h, 06 avrilMargaux
Publié à 10:30h, 16 avrilMargaux
Publié à 10:31h, 16 avrilEncore désolé et surtout encore merci !
touslestableaux
Publié à 14:58h, 07 aoûtMademoiselle
Publié à 15:57h, 27 maitouslestableaux
Publié à 14:48h, 07 aoûtdacron
Publié à 20:22h, 28 maiC’est la vison d’un mythe et une allégorie merveilleuse sur l’amour et la féminité.
touslestableaux
Publié à 14:46h, 07 aoûtLucie
Publié à 19:01h, 05 juinMerci d’avoir fait cette analyse complète et bien détaillé je fait actuellement mes oraux pour le brevet et cela ma beaucoup aider pour mon oral blanc merci encore.
touslestableaux
Publié à 14:38h, 07 aoûtSarah
Publié à 16:24h, 14 novembreMais, je me pose une question, Ouranos possède t-il des ailes ?
Ou bien est-ce une créature caché par ce dernier ?
touslestableaux
Publié à 08:26h, 17 novembreBerlier
Publié à 09:42h, 26 octobreJe voudrais comprendre comment les citoyens de la Florence du quattrocento ont pu percevoir cette œuvre parmi la somme des représentations d’icônes religieuses toutes plus saintes et cachez ce sein que je ne saurais voir dont est truffée la galerie des offices …
touslestableaux
Publié à 19:27h, 25 marsChloé Ternet
Publié à 14:37h, 07 décembreChloé Ternet
Publié à 11:31h, 08 décembretouslestableaux
Publié à 18:14h, 18 aoûtErza
Publié à 11:58h, 11 janviertouslestableaux
Publié à 18:51h, 25 mars