10 Mar Nu dans un intérieur, Pierre Bonnard
L’analyse de ce tableau a été faite à partir du livre Entrer dans un Tableau de Françoise Barbe-Gall.
Ayant adoré Comment Regarder un Tableau, comment aurais-je pu ignorer celui-ci !
Encore une fois, son ouvrage permet de découvrir de nouvelles peintures tout en donnant des pistes pour mieux les comprendre.
Cependant je ne vais résumer ses propos. Vous trouverez en italique les réflexions qui m’ont intéressées et en écriture normal ce que j’ai pensé.
Je tiens aussi à préciser qu’avant de lire ses explications, j’ai lu le titre du chapitre et j’ai regardé le tableau pour faire ma propre analyse.
Si vous souhaitez avoir votre propre vision de cette peinture, faites pareil. Commencez par regarder le tableau et à dire tout ce qu’il vous vient. Puis, revenez au tableau après avoir lu chaque paragraphe. Cela vous permettra de mieux comprendre et surtout de voir si vous êtes d’accord ou non avec ce que j’ai écrit. Si vous réussissez à dire pourquoi vous êtes d’accord ou non, félicitation vous avez fait votre propre interprétation. Si en plus vous avez trouvé des choses à rajouter, double félicitation ! Expliquez votre vision en commentaire pour que tout le monde puisse en profiter 🙂
Nu dans un intérieur, Pierre Bonnard
« Et puis très vite on s’aperçoit qu’on ne regarde plus qu’elle, attentif au moindre détail…
Nous sommes devant cette porte ouverte et effectivement on ne voit qu’elle. Toutes les couleurs vives de la pièce (de l’orange avec des motifs, du bleu, du mauve, du rose avec des taches rouges) mettent en valeur celles plus calmes de son corps.
La profondeur de la pièce, créée par une différence de couleur et l’ajout d’un meuble en perspective, attire notre regard vers le fond et donc forcément vers la femme qui s’y trouve. La succession des aplats de couleurs donnent une idée de profondeur mais bloque aussi notre regard. Nous ne pouvons pas voir ce qu’il y a derrière elle, nous ne voyons qu’elle.
Les formes géométriques attirent aussi notre regard vers elle. Alors qu’il n’y a que des lignes droites, très nombreuses dans ce tableau, son corps correspond aux seules courbes.
… Au mouvement qui la révèlerait davantage. Sachant aussi qu’en un pas, elle pourrait s’éloigner, disparaitre ».
Le commentaire de Françoise Barbe-Gall est intéressant car il rappelle la notion de temps. Quand nous regardons un tableau, nous contemplons une image fixe. Donc, pour nous, ce que nous voyons est figé dans l’espace et dans le temps. Là l’auteur rappelle que la scène peut changer. C’est juste un moment capté dans une continuité, comme une pause dans un film.
Le mur cache la majeure partie de son corps mais il dévoile quand même un de ses seins. Nous espérons en voir plus tout en ayant peur qu’elle s’éloigne.
En regardant le tableau, je pensais que le corps de le femme était sur des lignes de force obtenues en appliquant la règle des tiers.
Pour rappel, les lignes de force sont des lignes qui dirigent l’organisation spatiale du tableau (Cliquez ici pour en savoir plus).
La règle des tiers consiste à diviser le tableau en neuf parties égales.
Mais quelle fut ma surprise en les traçant !
Ce n’est pas la femme qui est sur la ligne de force mais la partie du mur qui nous empêche de voir la nudité de la femme ! Nous regardons d’abord ce mur, puis nous décalons notre regard pour voir le corps de la femme. Ne pas voir tout de suite ce qu’on veut apporte une touche de plaisir lorsque nous le découvrons. Puis cela donne une idée d’interdit et voir quelque chose qu’on ne devrait pas a toujours un côté excitant.
« La succession de deux pièces clairement distinctes encourageait a priori la progression dans l’image […] Mais les contours, partout estompés dénoncent ici le caractère illusoire de l’entreprise… »
Je suis d’accord pour dire qu’entrer dans l’autre pièce est impossible mais pas pour les mêmes raisons.
De là où nous regardons, la porte semble être un espace étroit et bien trop petit pour nous. Si nous voulons vraiment entrer il faudra nous contorsionner.
Puis, dès que j’ai regardé le tableau, les lignes du tableau m’ont tout de suite fait penser à une prison.
Voir une prison peut paraître exagéré mais c’est ce que je ressens chaque fois que je regarde cette peinture.
La dernière raison est due à la profondeur. Elle n’est pas créée à partir d’un point de fuite avec des lignes bien marquées. Elle vient, comme je l’ai dit plus haut, de la différence des couleurs et du meuble en perspective. La femme semble proche de nous grâce au le pied du meuble et à la démarcation entre le mauve et le rose. Mais les aplats de couleur la rapprochent encore de nous. Elle semble presque plaquée contre le mur qui nous sépare d’elle.
Les aplats de couleurs donnent une idée de profondeur tout en plaquant les éléments les uns contre les autres. C’est ça qui est génial dans ce tableau !
La femme est dans l’autre pièce mais elle est plaquée contre le mur, elle n’est qu’à deux pas de nous. Pour la rejoindre, nous n’avons qu’à contourner ce meuble qui nous gêne, mais il semble lui-aussi plaqué contre le mur.
Les aplats insistent donc sur la proximité de la femme tout en montrant que la rejoindre est impossible.
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