03 Nov Le vice caché dans la peinture
Le vice caché dans la peinture
Nous allons étudier trois tableaux apparemment normaux mais qui cachent quelques surprises.
La Mère Bien Aimée
Il s’agit d’un tableau peint par Greuze et présenté au Salon de 1765.
Ce tableau est un exemple d’amour familial.
Toutes les générations sont représentées : les enfants, la mère et le père et la grand-mère.
Le visage de la mère montre son amour pour ses enfants.
Il montre la joie qu’elle a d’être entourée mais aussi de la peine à cause du mouvement et du poids des enfants qui s’accrochent à elle.
Nous voyons aussi l’amour des enfants pour leur mère.
Ils sont tous accrochés à elle et il y en a deux qui pleurent parce qu’ils n’arrivent pas à se distinguer des autres, ils n’arrivent pas être les préférés.
De ce tableau Diderot en tire une morale : « Entretiens ta famille dans l’aisance, fais des enfants à ta femme, fais lui s’en tant que tu pourras, n’en fais qu’à elle et sois sûr d’être bien chez toi ».
Mais non Diderot n’est pas dupe.
Il rapproche immédiatement ce tableau du Portrait de madame Greuze peint par le même peintre.
Dans ces deux tableaux la femme a la même attitude. Elle a la tête renversée, la bouche entrebâillée et le cou gonflé. Leur visage mêle plaisir et peine.
Quand on rapproche ces deux tableaux on comprend que la mère n’a pas cette tête parce qu’elle est heureuse d’avoir ses enfants mais parce qu’elle vient juste de faire l’amour.
Pour ceux qui trouvent que j’exagère.
Si je vous montre que la tête, pouvez-vous vraiment deviner qu’elle a cette tête parce qu’elle est entourée de ses enfants ?
La tête des femmes dans ces deux tableaux montrent donc l’attitude qu’on a après l’orgasme.
Mais ce qui est marrant, et que Diderot fait remarquer, c’est que dans le Portrait de madame Greuze ça choque alors que dans la Mère bien aimée apparaît comme un tableau vertueux.
C’est surement dû à ce qui les entoure. Dans le portrait elle est toute seule et dans l’autre elle est entourée de ses enfants et on suppose que c’est par rapport à eux qu’elle a cette tête.
La Marchande à la toilette
Ce tableau, aussi appelé La Marchande d’Amours, a été peint par Vien et présenté au Salon de 1763.
Tout a l’air normal. Nous voyons une servante agenouillée aux pieds de sa maîtresse en train de lui tendre des petits Amours.
C’est beau, c’est mignon, les personnages sont bien peints et le tableau pourrait s’arrêter là.
Mais Diderot remarque le geste que fait l’ange : « Il a la main droite appuyée au pli de son bras gauche qui en se relevant indique d’une manière très significative la mesure du plaisir qu’il promet. »
Le geste de l’ange renvoie à celui de la servante située derrière la femme assise. Elle est penchée, elle regarde l’ange avec envie et consciemment ou non elle relève le pan de sa tunique bien au milieu.
Elle regarde l’ange avec envie par rapport à ce qu’il représente : la rencontre d’un futur amant.
Le tableau renvoie alors aux domaines de l’érotisme et du fantasme.
Suzanne et les Vieillards
Il s’agit d’un tableau de Franz Von Stuck.
Je rappelle l’histoire.
Deux vieillards ont envie de faire des choses intimes avec la belle Suzanne. Un jour ils la suivent au bain et lui font du chantage. Ils lui demandent de coucher avec eux sinon ils diront à tout le monde qu’elle était avec un autre homme au bain. Mais, Suzanne étant vertueuse, elle refuse de céder.
Le moment que nous voyons est celui où elle leur échappe.
Mais en voulant se dérober à leur regard elle se dévoile au notre. Nous devenons alors des voyeurs.
Mais tout le monde reste vertueux.
Suzanne se montre nue mais elle ne fait pas exprès, c’est pour échapper aux vieillards.
Le public, surtout masculin, peut l’admirer sans passer pour des vicieux. Nous la voyons nue mais nous n’avons pas fait exprès de la voir ainsi et en plus les pervers ce sont les vieux.
Nous voyons donc ce qui est caché aux vieillards et nous pouvons critiquer leur attitude tout en profitant pleinement de ce corps dévoilé.
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