27 Jan L’Ange du Foyer ou Le Triomphe du Surréalisme de Max Ernst
Max Ernst est un peintre emblématique du mouvement surréaliste et L’Ange du Foyer est une de ses peintures les plus connues.
De nombreux sites proposent déjà un commentaire de ce tableau.
Alors pourquoi faire encore un article dessus ?
Parce que l’interprétation proposée est toujours la même : à travers ce tableau Max Ernst montre la menace nazi.
Oui et alors ?
Alors ce n’est pas du tout ce que je vois.
L’analyse de ce tableau est donc différente des autres que j’ai faites.
Je commence par expliquer pourquoi, selon moi, cette peinture ne représente pas le danger du fascisme.
Cela ne signifie pas que cette interprétation est fausse. Mais on peut avoir un autre point de vue à partir du moment où on peut l’expliquer.
Puis je vous donnerai mon interprétation.
Avant de commencer l’analyse, je veux partager un conseil qui m’est venu en travaillant sur cette peinture :
Quand vous regardez un tableau, donnez lui votre propre interprétation puis confronter la à celles déjà existantes.
Si vous en trouvez des différentes, ça ne signifie pas que la votre est erronée.
Donc prenez du recul par rapport aux analyses, et je vous encourage même à le faire avec les miennes.
L’Ange du foyer et le fascisme
Comme vous l’avez compris, je ne partage pas cette interprétation.
Je vais donc reprendre les différents arguments en sa faveur et expliquer pourquoi ils ne m’ont pas convaincu.
- La date de production : 1937
Ce n’est pas parce qu’un tableau a été peint à cette date qu’il parle forcément de la guerre espagnole.
Ce tableau intitulé Sleep a été peint par Salvador Dali en 1937.
– C’est un tableau surréaliste comme celui de Max Ernst
– Il a été peint la même année que l’Ange du Foyer
– Salvador Dali est Espagnol, il est donc sensible à ce qu’il se passe dans son pays
… Mais Sleep n’a aucun rapport avec le contexte politique de l’Espagne.
-
- Il s’agit d’un monstre qui représente le fascisme
Toutes les peintures représentant un monstre ne font pas référence au fascisme.
Certains commentaires rajoutent même « évidemment » « sans doute ». Quand on regarde le tableau et son titre je ne vois pas en quoi le monstre en tant que symbole du fascisme saute aux yeux.
Ce tableau intitulé The Trumpeter a été peint par Zdzisław Beksiński.
Il représente un être monstrueux … mais il n’y aucun rapport avec le fascisme.
- Comme le fascisme, le monstre détruit tout sur son passage.
Le monstre piétine le sol avec tant de violence et depuis tant de tout que tout est détruit, il ne reste que de la boue.
Quand j’ai vu cet argument, j’ai regardé le tableau et je me suis dit« mince je me suis trompé ».
Mais en regardant de plus près, je me suis rendu compte que cette impression de « boue » était due à la qualité de l’image du tableau.
Le trait de lumière à gauche prouve qu’il s’agit d’une photo de mauvaise qualité.
Sur une reproduction de meilleure qualité, on voit bien que le monstre piétine de l’herbe et qu’il n’a rien détruit.
- La forme du monstre rappelle la croix gammée
Effectivement on peut en voir une :
Mais pour la trouver il faut déjà laisser de côté certaines extrémités.
Et encore, en créant cette image j’ai été de bonne foi puisque j’ai quand même essayé de retrouver le motif de la croix gammée.
Pour y arriver je n’ai pas pris en compte le pli du bras droit, ni la cuisse gauche et j’ai simplifié la structure du bras gauche.
Pour être honnête, la structure du monstre ressemble à ça :
Donc, pour moi, on voit une croix gammée uniquement parce qu’on veut en voir une.
- Si on réunit tous ces éléments, le sens fasciste apparaît
Et oui on peut se dire : « Pris séparément tous ces éléments ne signifient pas grand chose, mais une fois réunis ça devient une analyse irréfutable ».
Mais si je n’ai pas été convaincu par chacun de ces arguments, en les réunissant j’obtiens un texte qui me laisse complètement dubitatif.
Le problème c’est que je ne vois la guerre nulle part.
Ok il y a un gros monstre. Ok il y a une espèce de bête qui le retient peut-être pour stopper son piétinement destructeur. Ok le sourire de la créature montre peut-être la joie qu’il éprouve dans sa violence.
Même si le ciel est nuageux, le temps reste beau.
Si le tableau représenté la guerre, pourquoi ne pas avoir fait de l’orage ou une tempête ?
La scène se passe dans une nature calme sans présence humaine.
Si le tableau représenté la guerre, pourquoi ne pas avoir mis le monstre dans la ville ? Ni avoir mis des habitations autour de lui ? Ni d’humains qui fuient ? Ni même fait un champs de bout sous ses pieds ?
Là le paysage me fait penser à ces moments en randonnée, quand on découvre un paysage tellement beau et calme qu’on a l’impression que tout ce qu’on voit nous appartient parce qu’on est seul ici et maintenant à en profiter et on se permet un petit moment de folie.
Le titre parle « d’ange », de « foyer », de « triomphe » et de « surréalisme ».
Max Ernst donne un titre qui cumule deux possibilités, et aucune d’elles n’évoquent la guerre.
L’Ange du Foyer et le Triomphe du Surréalisme
Pour moi ce tableau correspond à la deuxième partie du titre.
Un petite explication sur le mouvement surréaliste s’impose.
Il est principalement caractérisé par la volonté de représenter le rêve, l’imaginaire.
La citation ci-dessous d’André Breton, extraite du Manifeste du Surréalisme, permet de bien comprendre ce mouvement et elle servira à appuyer mon analyse :
« Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de sur-réalité si on peut dire ».
Les surréalistes, qui s’inspirent du travail de Freud, cherchent aussi à exprimer leur subconscient.
Si les écrivains y parviennent principalement grâce à l’écriture automatique. Les peintres ont aussi développé leurs méthodes : grattage, frottage, collage etc …
Je ne m’étends pas plus car Max Ernst n’a utilisé aucune de ces techniques dans l’Ange du Foyer.
Cette peinture met de côté le subconscient et exprime clairement l’imaginaire de l’artiste.
Maintenant que les fondamentaux du mouvement surréaliste ont été rappelé, je vous propose mon interprétation.
Le monstre remplit presque entièrement le tableau. Il est immense et il domine ce paysage réaliste qui ne contient aucun élément onirique.: le surréalisme domine donc la nature.
Le monstre domine le paysage et donc la réalité par sa taille et par sa constitution.
C’est un géant composé de multiples éléments :
– De nombreuses couleurs : du rouge, du jaune, du bleu, du marron, du orange, du vert
– De plusieurs formes : de pics et d’arrondis et chaque membre est traité différemment
– De lumière avec des touches d’obscurité
– De techniques picturales diverses : des endroits sont lissés tandis que des traits sont visibles dans d’autres.
Ce monstre représente donc le surréalisme car il est au-dessus de la réalité par sa taille, mais aussi parce que les divers éléments qui le composent sont unifiés dans ce pur produit de l’imagination qui envahit le paysage.
Cet être surnaturel est montré en contre plongé.
Cette vue a 3 conséquences :
- Elle augmente encore sa grandeur ce qui renforce l’idée qu’il domine la réalité.
- Par rapport au paysage, la majorité du corps a le ciel en arrière-plan et une petite partie avec le sol derrière.
Si le sol représente la réalité, le fait d’être terre-à-terre, et le ciel l’imagination, le rêve, alors la bête représente le surréaliste : il part de la réalité pour la transcender par l’imagination.
Il ne lui reste d’ailleurs qu’un pied avec le sol en arrière-plan. Tout le reste est déjà dans les nuages. Il est peut-être en train d’essayer de s’envoler.
La bestiole sur le côté droit est peut-être en train d’essayer de l’en empêcher. Mais c’est peine perdue. Elle aussi a déjà quitté la terre ferme et son apparence n’a plus rien de réaliste.
- Cette vue en contre-plongée montre aussi que le monstre domine le spectateur.
Il ne domine donc pas uniquement la réalité du tableau, qui est une réalité fictive, mais aussi notre réalité, c’est-à-dire l’espace à partir duquel on observe le tableau.
Ce monstre représente donc bien le Triomphe du Surréalisme.
Dis-moi en commentaire si tu es d’accord avec mon interprétation ou si tu penses que le tableau représente plutôt le danger du fascisme.
Si tu vois des éléments à ajouter ou que tu as une autre analyse, dis le aussi en commentaire.
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chevalier
Publié à 07:19h, 02 juinen peignant ce croque-mitaines l’artiste à voulu représenter ses craintes, ses peurs que sa sensibilité ressentait dans le chaos des idées qui secouaient l’Europe: Fascismes, communismes, antisémitismes.
Les bruits de bottes qui résonnaient dans sa tête lui annonçaient ce personnage d’apocalypse. Joëlle Chevalier
touslestableaux
Publié à 14:41h, 07 aoûtDarkmoillet
Publié à 11:01h, 10 janvierDarkmoillet
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Publié à 11:56h, 18 févrierMorgane
Publié à 18:30h, 17 avrilMerci pour cette interprétation de l’œuvre.
touslestableaux
Publié à 12:34h, 18 août